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On ne saura jamais ce que plusieurs grands intellectuels auraient pensé de la révolution des affamés de l’année 2011 au Maroc. Mais moi anti-dictature de cette génération, j’ai pour le moins décrit quelques-uns des ressorts de l’autoritarisme marocaine, annonçant même le rôle paradoxal que les mouvements islamistes et les groupes terroristes seraient appelés à jouer avec la dictature. Dans le système familiale et politiques traditionnels, en effet, le despotisme existe, le pouvoir absolu dictatorial de roi « chef d’état », comme celui du père, se réalise en pratique, parce qu’il est tempéré, en permanence par des pouvoirs : des islamistes théologies de terrorismes  et corporations des militaires, police, DST, DGST, DGED, et la classe de rentiers, de féodaux, de profiteurs, d'exploiteurs, de corrompus, de réactionnaires, d'opportunistes, de spéculateurs et de trafiquants constituent un fort à l’absolutisme, déterminée à étouffer toutes les critiques et écraser tous les contestataires pour préserver ses privilèges qu'elle a consolidé depuis 70 ans. De même, dans une famille, la polygamie, les divorces et remariages, le rôle des oncles et des cousins, interposent entre un père tout-puissant mais lointain et ses enfants et ses femmes, une multitude d’intermédiations. La modernité, sauvage, distordue, est passée par là. La dictature au Maroc emprunte à l’Occident ses polices secrètes, ses espions, ses prisons, ses armées et ses mises sur écoute, mais pas la liberté d’expression, le parlementarisme et la démocratie partisane. Mêmes les structures familiales ont été perturbées : la famille marocaine est devenue monogame et nucléaire, le rôle des oncles et des cousins a diminué, le nombre d’enfants également, les maisons vastes où la parentèle circule ont cédé la place aux appartements de la petite bourgeoisie. Mais l’image paternelle n’a pas changé : de l’Occident, on n’a pris ni la nouvelle vision de l’enfant, ni le rapport entre les hommes et les femmes, ni la culture du dialogue. Ou alors très superficiellement. Un nouveau rapport social va dès lors s’installer, à partir de l’indépendance mensongère, représentatif de ce néo-patriarcat qui va permettre la dictature post-coloniale. La nation sera vue comme une grande famille : avec un père main basse, le roi prédateur, des enfants, le peuple, composé de frères, les citoyens. Ecrasés, réprimés, humiliés en permanence, ces enfants ne se révoltent pas, pourtant, car chacun a la certitude, chaque soir, quand il rentre de son travail, où son patron l’a insulté, de la rue, où un agent de police l’a giflé, du siège de son parti, où le zaïm lui a dit quoi penser, chacun, chez lui, a la certitude qu’il pourra, à son tour, jouer au maître : une femme, des enfants l’attendent, à qui il distribuera à son tour, insultes, gifles et coups de pied. Le système dictatorial marocain est donc durable : la violence circule, de haut en bas, fluide, sans goulot d’étranglement, sans retournement révolutionnaire. A la différence des ouvriers, qui n’ont rien à perdre, la base le Maroc est constituée de petits-fonctionnaires, ce salariat d’Etat timoré, servile et envieux, attaché à de maigres avantages, dont le néo-patriarcat familial. Et il arrive parfois, d’ailleurs, qu’une maigre promotion donne à un fonctionnaire l’occasion d’exercer son sadisme non seulement sur sa famille, mais aussi sur quelques malheureux sous-fifres, secrétaires et portiers, qui à leur tour, trouveront chaque soir de quoi se soulager à la maison. Ce n’est donc pas dans la corruption économique, dans la rente pétrolière, les richesses minières et les poches de citoyen, dans la force brute, que résidait le secret des rois dictateurs au Maroc et leurs familles, mais dans l’identification qu’ils offraient, et dans la possibilité morale qu’ils donnaient à chacun d’exercer, à son tour, un peu de violence, un peu de cruauté, un peu de sadisme, à sa mesure. On dira que mon diagnostic est dur. On m’a dit d’ailleurs. On m’a taxé de vision immobile, culturaliste, simplificatrice. En réalité, je n’ai été jamais simplificateur. A la fin des années 90, par exemple, j’ai annoncé déjà le rôle que les mouvements islamistes joueraient dans le terrorisme, eux-mêmes créés, entretenus, financés et entraînés par le régime. Les années 2000 jusqu’à 2019 confirmèrent quelque part mon diagnostic : la pensée radicales des islamistes, et partout, ce fut des partis et de régime, n’ayant à la bouche que les mots de démocratie et d’égalité qui sévirent, sans état d’âme, bestialement. La révolution de 2011 ont été faites par de jeunes gens, des célibataires, des chômeurs situés au bas de l’échelle de domination, ils n’avaient pas de famille : donc ni femmes ni enfants à insulter ; et pas de poste salarié, donc ni portier ni citoyen à torturer moralement. Le contrat social despotique marocain a donc implosé. Reste, aujourd’hui, à voir si l’erreur néo-patriarcale ne se reproduira pas. Deux facteurs en particuliers sont à surveiller : la participation des femmes, et celles des plus jeunes, dans la vie politique qui débute. Car pendant les dernières décennies, ce sont les femmes et les jeunes qui servirent de variable d’ajustement du contrat despotique, ce sont les femmes et les enfants qui payaient, dans le privé, le prix de la répression publique.

Par : Orilio Bahia

 

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