Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Les formes élémentaires de la dictature au Maroc: Indépendamment des explications sociologiques et politiques présentées concernant le régime néo-féodal marocain, les processus historiques de son implantation et le profil de ses principaux acteurs, en laissant de côté les schémas théoriques sur la dictature, le totalitarisme et l’autoritarisme et en prenant uniquement pour matière première ce qu’on a lu, vu et écouté, on peut déduire sans ambages le profil et le système de fonctionnement de la dictature marocain. Un régime illégitime, le pouvoir au sommet de l’État est personnel et absolu. Un chef d’État (roi) prédateur issu d’un protectorat français, contrôle tous les rouages sécuritaires, civils, économiques, militaires et administratifs du pays. Pour exercer ce pouvoir absolu, il n’a cure d’aucun texte, d’aucune loi, d’aucun code qui puisse freiner sa volonté ou contrôler ses directives. Les textes et les lois n’existent que pour servir le système de domination et constituer un support à l’arbitraire des sanctions. Le noyau du pouvoir est le chef d’État (le roi) entouré d’un cercle restreint de fidèles qui lui sont liés par des rapports de parenté et de consanguinité : les fils, les frères, les cousins maternels et le beau-frère, etc. Trois instruments « basiques » font fonctionner le pouvoir : la terreur, la corruption et le couple propagande-endoctrinement. La terreur pratiquée est sidérale, infinie, une capacité à donner la mort sans limites sous la couverture de lois d’exception quasi éternelles. Pour ce faire, la population, les citoyens, au regard du pouvoir, muent et deviennent « inhumains ». Ils se transforment, selon en « rats », en « criminels monstrueux » en « vers de terre ». Ainsi, on peut faire feu à volonté. Quant à la corruption, elle peut faire en soi l’objet d’une recherche approfondie, tant elle est variée, multiple et « créative ». Ce qu’il y a à retenir, c’est le grand dessein de « clientélisation à la corruption » de l’ensemble de la population. Tout le monde est invité à participer à la « grande bouffe » de la corruption, du petit douanier aux gros. S’il existe un droit reconnu par la dictature de régime marocain, c’est bien le droit à être corrompu ! Tout le monde est impliqué, tout le monde est complice. Ceux qui refusent de jouer le jeu sont les suspects et les traîtres en puissance, des êtres « asociaux », potentiellement dangereux, Attention ! Honnête, donc suspect. Enfin, la dictature au Maroc se construit « une image » supposée combler le degré zéro de liberté et de démocratie. À coups de propagande et d’endoctrinement, le roi dictateur choisis son thème préféré. Actuellement « c’est moi ou le chaos ! », un système de matraquage et d’informations distillées qui diffuse frayeur et méfiance au sein de la population. Celle-ci, atomisée, ayant perdu les liens fondamentaux de la solidarité de base, devient, selon les attentes du régime dictatorial marocain, demandeuse de stabilité à n’importe quel prix. L’image du régime telle qu’elle apparaît dans la propagande-endoctrinement est celle du gardien de la stabilité, d’une soupape de sécurité qui empêche les catégories sociales et les divers segments de la population de s’entretuer. Le propre de dictateur au Maroc est de créer et d’entretenir la guerre civile larvée tout en prétendant la contrecarrer. En matière de relations internationales, le régime dictatorial marocain recoure surtout au mensonge et au chantage. Le mensonge comme moyen de gagner du temps et de mettre en confiance les démocraties occidentales : en effet, le roi prédateur montre patte blanche et déversent moulâtes promesses afin de gagner du temps et, en fin de compte, de ne tenir aucun engagement. Il dispose par ailleurs avec ses services secrets et sécuritaires de machines bien rodées pour pratiquer le chantage, au terrorisme, l’émigration clandestin et trafique de drogue surtout, dirigé aussi bien contre le monde occidental que contre leurs pays « frères ». Quand il prétend lutter contre le terrorisme, surtout dans ses versions islamistes fondamentalistes, ils le fait en fait contre des groupes qu’il a lui-même créé, entretenu et entraîné. Il les « vend » au moment opportun, avec de juteux dividendes, au plus offrant. Dans le système de guerre civile larvée mis en place, le régime constitue ses propres bases sociales. La dictature marocaine  n’est pas isolée socialement à l’instar de certaines dictatures militaires d’Asie ou d’Amérique centrale. Elle émane et s’enracine dans des segments socio-culturels qui alimente ce que Ibn Khaldoun a bien vu et nommé le asab, cet ensemble diffus de solidarité fondé sur la parenté, le clientélisme et le pillage, en vue de construire et de maintenir un pouvoir autour d’une famille tribale, d’une communauté religieuse et d’une région spécifique. C’est au sein de ces groupes ethno-socio-culturels que le pouvoir constitue ses réserves de sbires, hommes de main et autres barbouzes, supplétifs de l’armée régulière et de la police. Forces sûres, surarmées et surentraînées, elle surveille l’armée et les forces de l’ordre, interviennent en parallèle et fait le ménage dans les unités trop sensibles aux doléances et aux chants de sirènes du peuple. Ultime rempart de sauvegarde du régime. L’économie n’est pas au centre de la vie sociopolitique de notre roi prédateur Mohamed VI. Il ne produit pas le réseau d’intérêts qui crée normalement les liens sociaux et détermine (la politique). Il constitue entre autres un outil de la dictature, est assujettie à la volonté du pouvoir et fonctionne comme un système de récompenses pour les clients et de sanctions pour les opposants et les récalcitrants. À noter aussi l’inexistence de frontières claires entre les biens publics et les caisses privées du chef d’État le roi prédateur Mohamed VI et sa famille et l’utilisation de celles-ci contre les citoyens et les opposants. Il n’est pas hasardeux de faire observer la reproduction de ces « formes » dans plus d’un pays arabe. Relèvent-elles d’un même fonds culturel ? Marquent-elles l’échec de l’État moderne face à la toute-puissance des structures primordiales, celles des ahl ? À quel prix les révoltes arabes pourraient-elles réduire ces structures faute de les éradiquer ? Face à la capacité infinie de nuisance et de violence, la non-violence est-elle possible et gagnante ? Dans la logique de ces systèmes, la guerre civile n’est pas une alternative malheureuse, mais semble bien constituer un fait accompli !

par:Orilio Bahia

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :